On l’avait presque oublié, cette écotaxe. Souvenez-vous, en 2014, le gouvernement souhaitait mettre en place une nouvelle race visant à financer les infrastructures routières empruntées par des camions étrangers traversant le pays sans parfois rien dépenser. En conséquence, des dizaines de portiques avaient alors poussé un peu partout en France, provoquant alors la colère des routiers et donnant naissance au mouvement des bonnets rouges en Bretagne. De celui-ci avait alors résulté une vague de sabotages et dégradations poussant les dirigeants à revoir leur copie et à abandonner cette idée. Enfin, jusqu’à maintenant, alors que l’éco-taxe pour les poids-lourds pourrait finalement faire son grand retour, d’abord en Île-de-France. C’est ce que propose un rapport signé par François Durovray, président LR du conseil départemental de l’Essonne ainsi que sept autres parlementaires, relayé par nos confrères du Monde. Celui-ci aurait été publié à la suite d’une demande informelle émanant du cabinet de Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué aux transports.

Le but serait alors de financer les infrastructures routières de la région, alors que celle-ci aurait besoin d’un « plan d’investissement massif et spécifique pour la grande couronne, un plan Marshall des mobilités » comme  le dit le rapport. Celui-ci souligne en effet que 46 projets ferroviaires ou routiers seraient actuellement prévus mais n’auraient pas encore pu démarrer faute de financements. Cette éco-taxe pour les poids-lourds permettait alors d’engranger suffisamment d’argent pour remédier à ce problème. Selon l’élu, cette nouvelle taxe viserait « les poids lourds et les véhicules utilitaires légers », d’abord en Île-de-France, en s’appuyant sur les portiques déjà existants depuis 2014. Selon lui, « la taxation de la route doit aller à la route ou aux transports en commun qui permettent de réduire les embouteillages », alors qu’il affirme que cela aiderait à mieux faire accepter cette mesure. Il argue également que les camions qui traversent actuellement le territoire sans contribuer d’aucune manière participeront alors directement à l’entretien des routes. Pas sûr néanmoins que cela arrive à convaincre les routiers de passage…

Bientôt dans toute la France ?

Si cette éco-taxe arrivera d’abord en Île-de-France, l’idée inspire déjà d’autres territoires, dont l’Alsace, qui a créé le 1er janvier dernier la Collectivité Européenne d’Alsace. Celle-ci a désormais « récupéré les compétences sur les routes et autoroutes non concédées » et souhaite désormais mettre en place des moyens de contrer les poids-lourds traversant la région pour ne pas payer la taxe actuellement en vigueur en Allemagne. Par ailleurs, il se pourrait que cette nouvelle « contribution poids-lourds », terme choisi par la Convention Citoyenne pour le Climat pour faire oublier la colère de 2014 soit déployée dans toute la France. Elle serait alors intégrée à la loi « climat et résilience » proposée dans le cadre de cette convention, permettant alors aux différentes collectivités de créer leur propre fiscalité. L’an dernier déjà, la Cour des Comptes déplorait l’abandon de cette taxe, alors que son rapport soulignait que « les États disposant d’une fiscalité sur l’usage des infrastructures par les poids lourds ont sensiblement accéléré le report de la route vers le rail ».