21 Avril 2021
Consultés par les élus de l’Eurométropole de Strasbourg en vue de l’instauration de la zone à faibles émissions (ZFE), les porte-parole des artisans et des transporteurs alsaciens réclament une réglementation qui tienne compte de l’offre de véhicules propres et de la durée d’amortissement des camions.
Les interdictions progressives de circulation découlant du dispositif de ZFE, dont les contours exacts restent en discussion, ne concerneront pas seulement les véhicules des habitants et des entreprises domiciliés dans l’Eurométropole de Strasbourg. Elles concerneront aussi toutes les autos, des particuliers ou des professionnels, ainsi que tous les véhicules utilitaires, camions et autocars, amenés à circuler sur son territoire, indépendamment du département ou du pays d’immatriculation.
Voilà dix-huit mois, les organisations professionnelles alsaciennes du secteur du bâtiment, de l’artisanat, du commerce et des professions libérales avaient tiré la sonnette d’alarme et fait part de leurs inquiétudes quant à l’impact de la ZFE sur l’activité et les finances des entreprises, dont le parc est principalement composé de véhicules diesel. Le mois dernier, alors que le calendrier prévisionnel de l’EMS prévoyait l’interdiction définitive du diesel, dont les modèles les plus propres relèvent de la catégorie Crit’Air 2, en 2025 à Strasbourg et six communes de la première couronne, et en 2028 dans les autres communes, le sujet a été remis sur la table par la Chambre des métiers d’Alsace (CMA).
L’organisme consulaire qui compte plus de 44 000 entreprises artisanales ressortissantes, dont 10 000 implantées dans l’EMS, a obtenu d’être associé au processus de concertation qui doit permettre d’ici l’été au conseil de l’EMS d’acter le calendrier et le périmètre définitifs de la future ZFE. Lors des deux rencontres déjà organisées, Jean-Luc Hoffmann, président de la CMA, et les porte-parole d’une trentaine de métiers ont notamment rappelé que l’offre de véhicules utilitaires (VU) électriques et hybrides se limitait à ce jour à des modèles de moins de 4 tonnes.
« L’autonomie des VU électriques n’est pas en adéquation avec les distances journalières à parcourir », ont-ils également relevé. « Le diesel ne mérite pas d’être diabolisé. Des constructeurs devraient bientôt proposer des VU en version hybride biodiesel et électrique », note Jean-Luc Hoffmann.
Afin d’éviter que la ZFE ne freine ou ne bloque l’activité des artisans travaillant sur les chantiers et ceux présents sur les marchés alimentaires, les représentants de l’artisanat, qui se disent « conscients des enjeux de santé publique », ont formulé un certain nombre de demandes. Outre la mise en place d’aides financières proportionnelles au coût d’un achat neuf (ouvertes également aux artisans domiciliés hors EMS), ils souhaitent une réglementation élaborée de manière concertée qui tienne compte des secteurs d’activité et des catégories de véhicules.
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Du côté des entreprises de transport et de logistique, on table pareillement sur la concertation et la mise en place de dérogations. « Il serait bon que les règles et dérogations pour les poids-lourds, dont les durées de vie varient de 7 à 13 ans selon les usages, soient les mêmes dans toutes les ZFE qui se mettent en place en France. Il y a des poids lourds au GNV qui sont Crit’Air 1 mais à aujourd’hui les deux-tiers des poids lourds français ont des vignettes Crit’Air 2 et 3. Cela nous laisse encore du temps pour discuter avec les élus de l’EMS, sans qu’aucune partie n’ait à de concession dans l’immédiat », souligne Michel Chalot, président de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) d’Alsace. « Le dossier n’est pas simple mais il nous faut arriver à combiner économie et écologie sans que cela ne perturbe un marché qui ne peut se transformer du jour au lendemain », analyse-t-il.
Les élus de l’EMS ont également entrepris de consulter les entreprises établies dans le port de Strasbourg. D’une superficie de 1 050 hectares, ce dernier concentre près de 10 000 emplois, de nombreux centres logistiques et un important trafic routier. « D’après moi on ne peut pas traiter la première zone d’activité d’Alsace comme on traite le centre-ville. Les problématiques ne sont les mêmes et les transports publics y sont moins pertinents. On espère donc bénéficier d’un statut particulier, voire être hors du périmètre retenu », explique Michel Chalot dont l’entreprise de transport par citernes est basée dans le port.