Il est des vieux dossiers qui pourraient ressortir des cartons à la faveur de la création de la Zone à faibles émissions de l’agglomération strasbourgeoise. C’est ce que pensent les dirigeants de Voies navigables de France (VNF), l’établissement public chargé de gérer le domaine fluvial français et qui vient de signer avec l’État ce printemps un contrat d’objectifs et de performance avec à la clé jusqu’à 300 millions d’euros d’investissements par an dans l’Hexagone sur dix ans.
Vers la création d’une plateforme terre/eau à Vendenheim
L’idée est de diversifier les sources de chiffre d’affaires de l’établissement, moderniser le réseau fluvial avec par exemple l’automatisation des écluses, et renforcer VNF en tant qu’acteur majeur de la biodiversité.
Mais l’objectif principal est l’accentuation du report modal vers la voie d’eau, afin d’y développer le transport de marchandises. À cet effet, VNF a signé il y a quelques jours un partenariat avec la SNCF (lire DNA du 18 juin ), car VNF veut élargir son champ d’action et sortir du « mono mode » pour assumer et renforcer « son rôle stratégique en matière de fluvial, pour le report modal et la croissance verte » explique Yann Quiquandon, directeur territorial de VNF dans l’Est.
Des partenariats sont aussi à l’étude avec les collectivités car, dit encore Yann Quiquandon, « nous faisons le constat que les territoires mouillés par la voie fluviale ouvrent un champ des possibilités ».
Car des portes jusqu’ici à peine entrouvertes pourraient bien s’ouvrir en grand à la faveur de réglementations nouvelles, comme la Zone à faibles émissions strasbourgeoise, qui va générer à partir de 2022 des mesures de circulation restrictives en fonction de la classe polluante des véhicules.
Parmi ces projets dans la région, la direction de VNF dit avoir bon espoir de créer une plateforme terre/eau à Vendenheim. Le site, au nord de Strasbourg, en bordure du canal de la Marne au Rhin, est à la fois une zone commerciale, agrandie récemment, et une porte d’entrée fluviale de l’agglomération.
L’idée consisterait en la création d’une plateforme, point de départ de l’acheminement fluvial de déchets jusqu’à l’usine de traitement du Rohrschollen, plus au sud dans le port de Strasbourg.
Cette plateforme pourrait également servir pour approvisionner la zone commerciale. Voire l’ecoparc rhénan, le site de l’ancienne raffinerie de Reichstett, situé à quelques encablures.
Il se trouve que ce projet de plateforme à Vendenheim avec flux de déchets par péniche ou barge jusqu’à l’usine incinération est ancien, a fait l’objet d’études et n’a jamais vu le jour. Oui, mais pour VNF, la ZFE change tout.
« Il y a des éléments contextuels qui changent la donne, analyse Yann Quiquandon. Le nouveau monde que va générer la ZFE va complètement changer les choses, la ZFE sera un véritable inducteur pour favoriser le report modal ».
Et rendre économiquement possible ce qui ne l’était pas avant : « Historiquement, le transport fluvial c’était du vrac sur de longues distances. Aujourd’hui, nous développons de plus en plus les courtes distances avec des territoires à contraintes fortes ».
Rendre le fluvial plus compétitif
On l’a vu avec l’installation de l’opérateur privé ULS qui livre en barge l’hypercentre de Strasbourg depuis le port en vingt minutes de trajet. Une activité qui est possible grâce au soutien fort de la Ville et de VNF, mais aussi du fait d’une réglementation stricte qui restreint l’accès de l’hyper centre pour les poids lourds. Ce qui a par ailleurs généré l’apparition d’une armée de véhicules légers, électrique, gaz, hybrides et une armada de vélocargos et triporteurs qui sillonnent le centre.
La ZFE à l’échelle de l’agglomération pourrait dès lors produire les mêmes effets : rendre le transport routier plus compliqué, c’est-à-dire plus onéreux, et donc le fluvial plus compétitif.